Géographie
Situation
Située dans l'Océan Indien par 55° 32' de longitude Est et par 21° 08' de latitude Sud, au nord du Tropique du Capricorne, La Réunion est à 182 km de l'Île Maurice, à 679 km de Madagascar et à 9 344 km de Paris. Elle fait partie, avec l'île Maurice et l'île Rodrigues de l'archipel des Mascareignes.
L'île située au milieu de la plaque africaine est née de l’activité d’un point chaud, anomalie thermique du manteau terrestre, produit de 5 millions d’années d’éruptions volcaniques du Piton des Neiges (3 070,5 m) puis du Piton de la Fournaise (actif - 2 631 m), dont seulement 1/32e du volume total émerge, pesant de tout son poids sur la croûte océanique, un « plancher » de surcroît tapissé de sédiments marins formant une assise incertaine pour un tel édifice. La croûte océanique s’enfonce progressivement, capable d’une certaine souplesse (flexure litho-sphérique).
En effet, né par 4 500 mètres du fond de l'océan et après une activité volcanique intense, le Piton des Neiges émergea voici quelque 3 millions d'années. L'île se forma autour du Piton hors de l'eau, et c'est à ce moment que le Piton de la Fournaise émergea à son tour, il y a 500 000 ans.
Après une intense activité et des éruptions explosives des deux volcans, le Piton des Neiges se calma et eut sa dernière éruption voici 12 000 ans, mais le cœur reste encore chaud avec une température de 200° vers 2 000 mètres de profondeur; d'où les sources hydrothermales de la région de Cilaos. Toute l'histoire volcanique de l'île est évoquée à la Cité du Volcan à Bourg-Murat sur la route qui traverse l'île, de Saint-Pierre à Saint-Benoit.
Origines géographiques de la population
La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
Les premiers colons, au xviie siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du xviiie siècle (37 000 esclaves en 178953). Au début du xixe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du xixe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métisses.
Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
